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Expert en transformation numérique, Michaël Tartar souligne les divergences de cycles de vie qui peuvent opposer la production informatique et la digitalisation de l’entreprise. Il n’y a cependant rien d’inconciliable, estime le responsable, qui recommande de libérer du temps de travail aux équipes de production pour qu’elles puissent participer activement au projet de transformation numérique.

Michaël Tartar – Co-auteur du livre « Transformation digitale : 5 leviers pour l’entreprise ».

Pourquoi est-il si souvent difficile de concilier transformation numérique et production informatique ?

Par définition la production opère sur ce qui est déjà fait et non sur ce qui est à faire. Elle assure le bon fonctionnement quotidien du système d’information, notamment en veillant à maintenir un certain niveau de performance et de disponibilité pour les applications métiers. Les équipes chargées de la production ont donc tendance à freiner tout changement, qu’il s’agisse d’un changement d’architecture, comme une migration vers le cloud, ou d’un changement applicatif, comme l’intégration d’un ERP.

De leur côté, les équipes chargées du développement, se voient confier par la DSI la tâche de faire évoluer l’existant, avec une rupture plus ou moins brutale, selon le calendrier fixé par la direction. Le développement et la production ont donc des objectifs qui peuvent apparaître opposés, voire difficilement conciliables, ce qui peut être source de frictions ou même de conflits.

De plus, ils travaillent sur des cycles de vie différents. Les équipes projets sont dans le conceptuel, la réflexion, la création de nouveautés… Leur rapport au temps est donc plutôt sur le long terme. De son côté, la production travaille sur le quotidien. Sa tâche reste de faire en sorte que le SI soit accessible chaque jour. Cette divergence du rapport au temps peut aussi être source de difficultés.

Sur le terrain, avez-vous constaté une certaine mise à l’écart de la production dans le cadre de projets de transformation numérique ?

Oui cela est récurrent, quelle que soit la filière ou la taille de l’entreprise. Le plus souvent, cela commence par un projet de transformation numérique décidé par la direction générale et élaboré avec la DSI, sans aucune consultation de la production. Dans de nombreux cas, elle est totalement écartée des discussions, du moins dans les premières étapes où sont dressées les grandes lignes du projet.

Ce n’est pas forcément par manque de considération vis-à-vis de ce que la production pourrait apporter au projet. Bien souvent, la direction générale et la DSI préfèrent simplement ne pas les déranger dans leur travail quotidien qui est déjà une charge lourde et complexe, ponctué quotidiennement par de nombreux processus à traiter rapidement.

De son côté, la production peine parfois à lever la tête du guidon et peut rechigner à participer à un projet sur le long terme qui lui accapare du temps. Elle se met alors toute seule à l’écart.

Quelles sont les conséquences de cette non-participation de la production ?

Cela peut entraîner un ralentissement du projet de transformation numérique lorsqu’il passe de la théorie à la pratique. Dans certains cas, on peut même déplorer un blocage complet du projet, car des problématiques techniques, non prises en compte en amont, se révèlent ensuite un véritable casse-tête à résoudre.

Cela peut être assez grave, car un projet de transformation digitale doit être relativement court. Du moins, il doit être jalonné d’étapes concrètes, qui vont rapidement apporter des bénéfices à l’entreprise. Si le projet s’enlise, les évolutions numériques censées améliorer les performances ou développer le business de l’entreprise risquent tout simplement d’être dépassées ou d’arriver trop tard sur le marché.

Que préconisez-vous pour éviter d’en arriver là ?

Je vais un peu prêcher pour ma paroisse et recommander d’utiliser des solutions comme ROK Solution, qui permettent de modéliser, piloter et contrôler des processus en mode SaaS. Cela va grandement simplifier le développement et l’intégration de nouveaux services dans le SI et ainsi faciliter un projet de transformation numérique.
Plus généralement, il faut bien entendu mettre à contribution la production dès le début du projet. C’est à la direction générale de l’impliquer. Et pour que la production soit force de proposition, il faut lui libérer régulièrement du temps de travail pour qu’elle puisse prendre du recul et faire de la veille. Dans tous les cas, une collaboration étroite et régulière entre la DSI, la direction
générale, les équipes de développement et celles de production, est la seule formule favorisant le succès d’un projet de transformation numérique.